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Mon corps est OK. Confidences d’une ancienne “maigre”

Dans ce témoignage, une femme partage son expérience de vie et de relation avec son corps. Depuis son enfance, elle a été confrontée à des jugements sur son apparence physique et ses imperfections, ce qui a fini par lui donner honte de son corps. Après avoir subi des pressions et des exigences pour atteindre un corps parfait, elle a finalement appris à s'accepter telle qu'elle est et à aimer son corps, avec toutes ses imperfections. Elle invite les autres à faire de même, à dé-normaliser le jugement constant sur l'apparence physique et à accepter leur corps, leur unicité.


J’ai dix ans lorsque j’entends pour la première fois : “Ouuuh tu as des seins”. J’ai 11 ans lorsque j’entends pour la première fois : “oh tu as de gros boutons”. J’ai 12 ans lorsque j’entends pour la première fois : “tu es maigre, attention tu vas t’envoler”. J’ai 14 ans lorsque j’entends pour la première fois : “tu as trop de poils, tu devrais te raser”. Puis à 16 ans, les premières vergetures arrivent… À 20 ans pour la première fois je prends du poids et là j’entends : “Tu as beaucoup grossis maanmaaan”, mais à chaque fois comme pour atténuer la violence de ces mots, on ajoute “Mais tu es mieux qu’avant”. C’est là que je me rends compte pour la première fois que j’ai honte de mon corps. Dans la réalité, ce sentiment auquel je n’avais pas fait attention avant est présent depuis mon enfance. Ce sentiment que l’on ressent à chaque fois que notre corps est jugé.


Mais cela ne s’arrête pas là. À mon arrivée en France, je continue à grossir. Je prends plus de dix kilos… Le froid et les changements d’habitudes ont eu raison de moi. Mon propre regard change alors. Mon jugement est plus dur, plus critique que les personnes autour de moi. Je ne supporte pas ma vision dans le miroir, les plis, le ventre, les poignets, les vergetures, les joues, les cernes… Et, par-dessus tout, mes poils, à vrai dire je n’ai pas beaucoup de chance à ce niveau.



Je finis par perdre beaucoup de kilos mais n’arrive pas à revenir à mon poids habituel. Je me mets la pression. Je fais du sport, des régimes, me pèse chaque matin, ne sors pas sans maquillage, sans les cheveux tirés à quatre épingles. Je ne mets pas mes jambes dehors sans une épilation parfaite… Un engrenage stressant.

Aujourd’hui, j’ai changé. Cela a pris du temps mais j’ai changé. Je ne cherche plus à atteindre ce corps parfait des réseaux sociaux que je voulais. Je cherche à être à l’aise dans ma peau et j’en accepte les défauts. J’ai compris qu’en ne m’acceptant pas, je rentrais dans un cercle vicieux : se déprécier alors ne pas prendre soin de soi, alors ne pas s’aimer. Attention cela ne veut pas dire que je ne me coiffe plus, ne me maquille plus, ne m’épile plus, ne fais plus de sport. Cela veut dire que je ne me mets plus la pression, je suis capable de sortir sans, si je n’en ai pas envie.


“Le regard des gens j'en ai que faire, qui sont-ils pour me juger?” Yseult

Je ne vais pas mentir je suis une fanatique du ventre plat, je fais beaucoup de choses pour l’avoir. Cependant, je travaille sur moi pour que ça ne devienne pas un stress, une obsession. Mon ventre n’est pas plat aujourd’hui et c’est ok. Il le sera peut-être un jour et peut-être qu’il ne le sera jamais et c’est aussi ok. J’ai la même réflexion pour mes bad hair days, pour mes poils… Chaque corps est ok tant que nous sommes à l’aise dedans. Tant qu’il n’y a pas d’atteinte à notre santé. Chaque corps a sa beauté, son individualité, ses marques, ses imperfections, ses cicatrices… Chaque corps raconte une histoire, son histoire. Nous ne devrions pas en avoir honte.

“Tous les corps sont beaux en bikini”

Mais l’acceptation du corps commence dès l’enfance, elle se fait également au travers des jugements que nous recevons. Alors, nous devons y penser lorsque nous voulons faire une remarque à quelqu’un. Nous devons dé-normaliser le jugement constant de chaque étape de l’évolution du corps à l’adolescence que ce soit à propos de l’acné, de la voix, des seins, mais aussi de ses variation au fil du temps, comme au niveau du poids.Notre regard sur nous-même se construit à ces moments. C’est lorsque nous entendons ces remarques que nous croyons que nous sommes anormaux et commençons à nous comparer aux autres.


Après tant de désamour de notre corps, il est temps de l’accepter et de l’aimer. Le chemin peut être long mais il en vaut la peine. Il vaut le coup car c’est mon corps, c’est ton corps, c’est mon allié, c’est ton allié, c’est mon unicité et c’est aussi la tienne.

Et puis, dans tous les cas, il y aura toujours du jugement. Nous serons toujours trop ou pas assez maquillées, trop ou pas assez grosses, trop ou pas assez musclées, trop ou pas assez tatouées alors autant être alignées avec nous-même et faire ce que l’on veut de notre corps et l’aimer.

Signé une fille qui aime son corps.


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