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Aurélie Chantelly: Deux passions, un métier


PEUX-TU TE PRÉSENTER ?

Je m’appelle Aurélie Chantelly. Je suis artiste photographe martiniquaise. J’ai débuté dans ce domaine en 2010, en travaillant majoritairement pour des particuliers. En 2015, je suis partie à Paris pour me professionnaliser. Grâce à ma précédente pratique amateure en Martinique et le réseau que je me suis constitué en France, j’arrive aujourd’hui à en vivre à plein temps. Je suis également danseuse depuis toute petite. Je tiens cette passion de ma mère qui elle aussi a dansé pendant plusieurs années – notamment lorsqu’elle était enceinte de moi. Entretenir ces deux passions de façon très sérieuse m’a permis de connaitre des personnes dans les deux milieux, d’établir des connexions entre ces deux mondes. Aujourd’hui je suis spécialisée dans la photographie de mode. Je participe également à d’autres projets qui me touchent.


COMMENT TA PASSION EST-ELLE NÉE ?

La danse, c’est le début de tout. Mon enfance a été marquée par la culture urbaine et les clips vidéo. Je me souviens parfaitement des cours de danses auxquels certains des plus grands accordaient une place importante à leur style vestimentaire. C'était l'époque des baggys & T-shirts XXL. J'avais des étoiles dans les yeux, ça a clairement inspiré les plus jeunes. Cet univers a participé à la construction d’une esthétique particulière qui reste, malgré les diverses influences que j’ai acquises, à la toute base de mon travail. De plus, mon père a pratiqué la photographie pendant une période; et même si je n’ai pas grandi avec lui, cela se ressent dans nos albums photos, ils sont beaux, et on peut ressentir une passion certaine pour l’image. Pour être honnête, j’ai commencé par prendre des fleurs, des objets, des paysages en photo, à l’aide de mon Samsung à clapet et à les retoucher dans Fotofiltre*. C’est assez bateau et cliché mais c’est là, que je me suis rendu compte que j’aimais beaucoup l’image. Je passais aussi beaucoup de mon temps dans des kiosques à étudier la photographie via des magazines photos. À l’époque, j’ai créé un compte Facebook qui s’appelait AC photographie sur lequel je partageais mon travail. J’organisais des shootings dès que j’en avais l’occasion. Puis, c’est allé assez vite, des petits magasins et des particuliers m’ont proposé de travailler pour eux… Entre 2011 et 2013 : je shootais énormément ! C’en était même arrivé à la surproduction,

je sentais que j’atteignais les limites de mes capacités techniques et que je ne pouvais plus aller au-delà. Je me suis alors un peu lassée de la photographie et j’ai arrêté pendant deux ans. Ces années m’ont permis de faire une introspection afin de savoir ce que je voulais vraiment faire. Je dois avouer qu’à l’époque j’ai hésité avec la danse comme choix de vie mais j’ai préféré rester fidèle à mon premier choix, la photographie, et je pense avoir bien fait.



POURQUOI AS-TU CHOISI LA PHOTOGRAPHIE DE MODE ?

J’ai baigné dans un univers de style depuis toute petite grâce à la danse. La culture hip hop et celui de la musique sont tout simplement étroitement liés à la mode et au style en général donc ça a forcément participé à mon intérêt sans véritablement en avoir conscience au début. Ce qui m’intéresse dans ce métier, ce sont les gens, ce qu’ils dégagent, que ce soit en cohésion ou aux antipodes de leur style. Avant d’arriver à Paris, je ne m’intéressais pas aux autres styles de photographie à part la mode. J’ai pris une claque quand dans ma classe j’étais la seule à en pratiquer. En effet, tous les autres pratiquaient la photo d’auteur, contemporaine, journalistique, etc. J’étais un peu « celle qui fait de la photo de mode ». Cette expérience m’a permis de m’ouvrir à d’autres styles photographiques. J’ai intégré un petit groupe de filles dont les influences ont alimenté mon travail. J’ai évidemment toujours conservé l’empreinte de la mode et avec le temps, j’ai appris à raconter des histoires avec mes clichés.


«Ce qui m’intéresse dans la photographie, ce sont les gens, ce qu’ils dégagent, que ce soit en cohésion ou aux antipodes de leur style.»

QUELLE EST TON INSPIRATION ? EST-CE LE MOUVEMENT ?

Mettre du mouvement dans mes photographies est quelque chose que je fais souvent aujourd’hui car j’ai aussi grandi dans mon art, dans ma pratique et dans ma technique. Mais en effet, il est vrai qu’à une certaine période lors de ma formation, on m’avait fait remarquer que je faisais des photos relativement statiques. Grandir dans son art c’est prendre conscience de ce qu’on est pour pouvoir le retranscrire au mieux dans ce qu’on produit. Faire de la danse m’inspire – j’ai d’ailleurs travaillé avec beaucoup de modèles danseurs donc au fil du temps j’ai été amenée à explorer la notion de mouvement – mais ma première source d’inspiration réside avant tout dans mon enfance, dans ce qui m’a façonnée. J’ai toujours été entourée de femmes, de femmes noires. De plus, pendant ma formation j’ai été victime de beaucoup de réflexions ou de désintérêts assez flagrants à propos de mon style photographique assez différent de ce que mon environnement produisait. Il a été très difficile pour moi de lier la femme noire à la mode tout en ayant de la crédibilité. Des choses qui n’avaient pas d’importance en Martinique devenaient le centre de mon existence en France…

C’est donc tout cela qui m’inspire, la danse, les femmes de mon entourage, ma culture Martiniquaise, la culture urbaine… C’est ce que je suis et ce que je souhaite donner

comme inspiration aux gens : qu’ils puissent se sentir vus, représentés. Lorsque nous sommes conscients de ce que nous faisons cela se retranscrit dans notre travail.


Interview par Rachel

*Fotofiltre : Logiciel de retouche d’image



Lire l'article entier dans le dernier numéro du magazine: Aurélie nous a présenté son projet "MULTI"

 
 
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